Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grâce à Lui. Richard.
31 octobre 2010

1991 l'annonce de la mort d'Adélaïde

- Allo !

- Colonel Granier ?

- Non Général Granier.

- Oui bon, je parle bien à Monsieur Richard Granier, directeur de la pension de l’armée de l’air à aix en Provence.

- Ah non je ne suis plus le directeur de l’école d’Aix.

- Mais vous êtes bien Monsieur Richard Granier ? La voix féminine commençait à laisser sentir son impatience. Et Richard un peu curieux tout de même mais amusé, approuva. Donc vous êtes bien la personne qui a été le tuteur de mon frère Robert Weisembacher jusqu’à sa majorité ?

Là la conversation non seulement titillait sa curiosité mais prenait une tournure qui lui plaisait moins. Il se leva de son bureau et alla s’asseoir à côté de sa femme en lui faisant signe de se taire. Il mit le haut parleur.

- Mais à qui ai-je l’honneur réellement ?

- Réellement ? qu’entendez-vous par là ? Je suis Annie Lutz née Weisembacher. Je suis la sœur aînée de Robert, je vous l’ai déjà dit. Mais, mais vous qui êtes vous ?

- Pourquoi ne chercher à le joindre que aujourd’hui ? Vous n’auriez pas pu essayer plutôt ?

- Mais parce que sa mère est morte ! Mais Monsieur, je ne vous autorise pas à me parler sur ce ton.

Un clic dans l’appareil puis une stridulation continue lui fit comprendre que la jeune femme venait de raccrocher.

Richard tournait en rond autour du canapé, le combiné dans sa main, le serrant dans son poing, l’autre main tout autant serrée.

- Richard calme-toi ! Pense à ton coeur, le cardiologue t’a dit d’éviter de t’énerver.

-Et tu veux que je ne m’énerve pas ? Elle a le toupet de l’appeler 15 ans après juste pour lui annoncer ça ? Ah il l’aimait bien le gamin. Elle veut quoi ? Qu’il participe au frais. Ah ça avec son intelligence, elle se doute bien qu’il n’est pas resté un cassos comme eux !

Gisou qui le suivait dans sa ronde en le tirant par la manche de son pull pour l’obliger à s’asseoir, émit un petit gloussement. Il s’arrêta pour la regarder. Elle en profita pour le pousser sur le fauteuil derrière lui où il s’affala.

- Oh Richard . Que sais-tu d’elle ? Et si c’est vrai, il faudrait l’avertir. Il a le droit de savoir, non ? Quoiqu’il arrive elle restera toujours sa mère et il n’a jamais arrêté de penser à elle. Oui oui tu peux faire la tête mais même si aujourd’hui c’est moi qu’il appelle Maman, c’est elle qu’il a appelé ainsi en premier.

- Tu m’énerves ! Et si à l’enterrement il tombait sur son père ? Tu sais bien qu’il est libre ce criminel ?

- Richard, il a rente ans et mesure un mètre quatre vingt quinze, tu ne le crois pas capable de se défendre ? Bon, en tout cas pour l’instant, vu qu’elle a raccroché, on n’en saura pas plus…

…………………………………………………………………………………………………………

 

- Allo !

- Je suis bien chez Monsieur Granier ?

- C’est possible.Vous désirez parler à qui ?

- Je suis Monsieur Gérard Lutz, le mari d’Annie Lutz Weisembacher.

- Oh !

- Oui oh ! Ecoutez, il faut absolument que l’on parle à Robert.

- Vous êtes de frère aîné de Cath ?

Il y eu un blanc puis comme un murmure. Gisou comprit qu’il devait parler à une autre personne et qu’il avait mis la paume de la main sur le combiné.

- Allo ? Il vous a parlé d’elle donc vous avez du être très proche de lui. La voix avait changé, c’était maintenant une voix de femme. S’il vous plaît dîtes-nous au moins s’il est toujours vivant. Cela va faire une semaine qu’on le cherche. C’est en triant les affaires de Maman que nous avons retrouvé le jugement où un juge attribuait à votre mari sa tutelle. Vous êtes bien Madame Granier n’est-ce pas ? Lorsqu’elle avait décroché, Gisou pensait rejoindre Richard dans la chambre où il se reposait puis changeant d’avis, elle s’assit en biais sur le fauteuil. Elle lui en parlerai plus tard.

- Oui.

- Êtes-vous toujours en contact avec lui ?

- Oui. Mais je pense que vous devriez l’oublier, tout comme il a réussi à vous oublier. Il a changé, beaucoup changé, il a mis son passé de côté. On ne doit pas rouvrir les blessures. Et, et… elle tenait le combiné à deux mains. Elle reprit sa respiration pour ne rien laisser transpirer dans sa voix. Il a aujourd’hui une nouvelle vie, une nouvelle famille…

- Oh il a des enfants ?

- Oui mais ce n’est pas à cela que je voulais faire allusion. Elle ferma les yeux et reprit sa respiration. Il a une nouvelle famille, il a été adopté, il a un père et une mère adoptive. Il fallait qu’il se reconstruise, vous comprenez ?

- Non je ne comprends pas désolée. Il avait déjà une famille , un père, une mère, des sœurs. Qui sont ces gens qui se permettent de voler un fils à sa mère ? Gisou posa le combiné sur ses genoux reprit encore une fois sa respiration. Rester maître d’elle, rester maître d’elle ! Madame vous êtes encore là ?

- Une mère laisse-t-elle son mari, tuer son fils ? Une mère oublie-t-elle de prendre des nouvelles de son enfants pendant quinze ans. Pour moi ce n’est pas une mère. Mais oui vous avez raison, vous étiez aussi sa famille, voici son numéro de téléphone… Il décidera.

- Merci ! Donc vous êtes restés en contact avec lui? Il va bien, il est heureux ? Il devient quoi ? Il fait quel travail? Il est marié et il a combien d’enfants ?

- Il est militaire, il est veuf et a quatre beaux enfants, mais s’il vous plaît, continuez à rester hors de sa vie si vous avez un tant soit peu d’amour pour lui. Gisou se leva et alla reposer le combiné.

- C’est vous qui…

Gisou n’entendit pas la suite. Elle reprit le combiné et le posa à plat sur le bureau puis se dirigea vers la chambre, se coucha à côté de son mari qui dormait sur le dos et posa une main sur son coeur et resta ainsi à écouter sa respiration.

- Et maintenant il faudra, ou pas,  que je trouve le moyen de le lui dire sans qu’il s’énerve…

 

………………………………………………………………………………………………………..

Publicité
Publicité
Commentaires
Grâce à Lui. Richard.
Publicité
Archives
Publicité